Un nouvel outil financier de soutien des viticulteurs par les coopératives

Les dégâts climatiques étant variables, l’avance de trésorerie est modulable selon l’intensité. Elle peut aller jusqu’à 80 % du paiement d’un apport moyen à la coopérative par l’adhérent concerné. – crédit photo : Cave du Luberon

Créé par un expert-comptable, un nouvel outil financier permet aux caves d’aider leurs adhérents subissant une forte perte de récolte.

Avancer jusqu’à 80 % de ses paiements habituels à un viticulteur ayant perdu sa récolte est un outil dont aucune cave coopérative ne souhaite avoir besoin, mais qui permet d’atténuer les coups durs qui se multiplient au vignoble. Du gel à la grêle, « il y a énormément d’aléas climatiques, causant d’importantes difficultés de trésorerie pour les viticulteursqui mettent en jeu la survie de leur exploitation. Alors que les caves coopératives ont des fonds et une capacité de financement auprès des banques » souligne l’expert-comptable Aymane Krhili (cabinet C2MB, à Aubagne). Criant après le gel d’avril 2017, ce décalage a donné l’occasion à l’expert-comptable de développer un outil d’avance de trésorerie qu’il a testé et validé le long de l’année 2018 auprès de six adhérents de la cave du Luberon (dans les monts du Vaucluse, à Maubec).

Réunissant 110 adhérents, cette coopérative n’en recense pas un assuré pour les aléas climatiques. Après le gel dévastateur du printemps 2017, « il y a eu une demande d’adhérents qui avaient tout perdu et ne savaient pas comment tenir un an sans revenu pour traiter et entretenir leur vigne, et tout simplement pour vivre » résume Vincent André, le directeur général de la cave du Luberon. Au final, 6 adhérents ont eu recours à cet outil, pour une enveloppe globale de 100 000 euros. « Ce ne sont pas de gros montants, mais cela a aidé de gros apporteurs spécialisés dans la vigne et sans activité complémentaire » rapporte Vincent André.

Portrait of professional sommelier presenting wine during wine tasting session to group of people at vineyard tour, copy space

Principes coopératifs

Ayant créé une méthode de calcul se basant sur les données techniques de chaque apporteur, Aymane Khrili permet de proposer une avance de trésorerie allant jusqu’à 80 % des rendements habituels. Étalé sur cinq ans, le remboursement de ces sommes est imputé sur les versements des récoltes suivantes, ce qui est différent d’un acompte, qui paie progressivement une récolte effectuée. Juridiquement, l’outil a été sécurisé en prenant en compte les principes fondamentaux de la coopération. À commencer par l’égalité de traitement entre coopérateurs, chaque adhérent peut ainsi y prétendre, mais aussi la liberté d’engagement, le versement de l’avance n’est pas inféodé à un apport à la cave. « Si le coopérateur sort de la coopérative avant la fin du remboursement par ses apports, il doit rembourser le solde restant » explique Aymane Khrili.

Ayant nécessité des modifications de statuts et du règlement intérieur de la coopérative, l’outil a aussi été utilisé par une union de coopérative du Luberon, pour se porter caution auprès des banques au profit de de ses propres caves coopératives. « La force du modèle coopératif repose sur la mutualisation des richesses, mais aussi des problèmes » conclut Vincent André.

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